Histoire des Hautes-Alpes

Introduction

L'implantation définitive de l'Homme dans le département des Hautes-Alpes remonte à 9500 avant J.-C. ; des traces d'occupation humaine remontant à cette période ont ainsi été retrouvées sur le site de Vitrolles. Rapidement, aux implantations temporaires ont succédé une occupation sédentaire. Dès la période de l'âge du bronze entre 2000 et 600 avant J.-C., l'occupation du territoire se précise ; elle se caractérise par une abondante production d'objets de bronze de très belle facture (trésors de Réallon, de Guillestre...) qui désigne la civilisation en place, celle du "bel âge du bronze alpin". Vers 400 avant J.-C., les peuplades celtes d'origine indo-européenne venues d'Europe centrale en vagues successives depuis le Xe s. sont solidement établies dans la région. Nos vallées sont marquées alors par un profond mélange de peuples celtes et ligures qui se partagent massifs montagneux et vallées.

Les invasions barbares

Au Ve s. après J-C., les Alpes n'échappèrent pas aux invasions que subit la Gaule dans l'empire romain affaibli : Wisigoths se rendant d'Italie en Aquitaine, Lombards, Saxons... Malgré cette période d'anarchie, les éléments essentiels de la civilisation réussirent à être maintenus : les structures religieuses et administratives dirigées par les évêques et archevêques de Gap et d'Embrun, relayées pendant quelques décennies par les dignitaires francs de l'administration civile et militaire de Charlemagne.

Le Moyen-Âge et la féodalité

Au développement du christianisme au Ve siècle succéda au IXe siècle une décadence religieuse et la déliquescence de l'administration et des organes de pouvoirs politiques centraux sous les derniers Carolingiens.

Une aristocratie militaire venue de Provence et de la vallée du Rhône vient mettre fin aux raids de musulmans qui remontent dans nos vallées depuis la Provence et rétablit l'ordre, s'établit sur place et se partage les territoires, imposant à la population locale son autorité ; la féodalité s'installe dans ce qui deviendra quelques décennies plus tard le Haut-Dauphiné, les futures Hautes-Alpes, sous la coupe des seigneurs-évêques de Gap et d'Embrun, vassaux de l'Empereur germanique et de la Provence d'une part, et du dauphin de Viennois, seigneur du Briançonnais.

Au cours du XIe siècle, beaucoup de pèlerins et de croisés empruntent les routes des Alpes pour se rendre en pèlerinage à Rome et en Terre Sainte. La réforme grégorienne et le développement des ordres de Chalais et des Chartreux en Dauphiné donne naissance aux abbayes et prieurés de Durbon, Bertaud et de Boscodon. C'est bientôt aussi le temps de l'hérésie avec Pierre de Bruis et les Pétrobusiens, et Valdo et les vaudois qui trouvent un temps refuge dans les vallées de Vallouise et de Freissinières avant d'y être poursuivis jusqu'à la fin du XVe s. où le roi Louis XI fait cesser toutes persécutions à leur encontre.

L'installation des papes à Avignon au XIVe siècle profita à Briançon et à toute la vallée de la Durance, car Mont-Genèvre était le lieu de passage des commerçants et diplomates pour se rendre en Italie. En outre, depuis le " transport " (cession) du Dauphiné par le dauphin Humbert II au royaume de France en 1349, nos vallées formaient la frontière de la France avec le puissant duché de Savoie assis en Piémont. Louis XI Charles VIII, Louis XII, François 1er et Henry II et Louis XIII y séjournèrent, mais le pays souffrit surtout de passages incessants de troupes françaises engagées dans les Guerres d'Italie (XVIe s.), et des invasions des troupes savoyardes. On commença à renforcer les fortifications de Briançon.

Après les ravages causés par quatre décennies de Guerres de religion entre protestants et catholiques où s'illustra le sire des Diguières, futur Lesdiguières, dernier connétable de France, le Haut-Dauphiné est envahi à nouveau en 1692 lors de la ligue contre Louis XIV par les armées du duc de Savoie par la vallée de Barcelonnette. Après la chute d'Embrun au mois d'août, les troupes occupèrent la vallée de la Durance, y causant de notables destructions. Cette invasion décida de renforcer la place forte de Briançon et de créer dès 1692 de toute pièce une citadelle au-dessus de Guillestre, Mont-Dauphin, qui sera bâtie sur les plans de Vauban, afin de contrer toute invasion par le Queyras, l'Ubaye et l'amont de la Durance. Le Briançonnais est aussi marqué par le passage des hommes du protestant Arnaud qui, après la révocation de l'Edit de Nantes, tente de s'allier aux Savoyards contre le roi de France, avant de trouver refuge en Suisse et en Allemagne. La plupart des protestants dauphinois, notamment ceux du Queyras, s'exilent alors ou sont contraints de se convertir.

Au XVIIIè siècle, le Haut-Dauphiné est encore traversé par les troupes lors des guerres de succession d'Espagne, puis d'Autriche. En 1792, à la Révolution, les troupes françaises vont garnir les places fortes à la frontière italienne.

A la fin du XVIIIè siècle, sous bonne garde française, le pape Pie VI traversa, malgré lui, la région et fit étape à Briançon, Savines et Gap avant de mourir à Valence. En 1815 c'est Napoléon 1er qui traverse la vallée du Drac dans sa remontée sur Paris depuis l'île d'Elbe.

Le déclin du Haut-Dauphiné

Le Haut-Dauphiné devint département des Hautes-Alpes en 1790, avec Gap comme chef-lieu de département au détriment de la capitale religieuse Embrun, mais fut alors plus une terre d'exode qu'un lieu de passage. Le département connu une émigration massive pour des raisons économiques au XIXe siècle, la densité de population devenant trop élevée par rapport à la superficie des terres cultivables et le département ne recelant pas les matières premières ni les infrastructures modernes pour développer une forte industrie qui aurait employé la population sur place. A cela s'ajoute le lourd tribu payé par les populations lors de la Première Guerre mondiale de 1914-1918.

L'économie des Hautes-Alpes

Au début du XIXe siècle, l'agriculture était le premier secteur économique du département ; l'élevage, mais aussi la culture du froment, de la vigne, du chanvre, du lin et de la pomme de terre représentaient l'essentiel de l'activité agricole. A l'extrême fin du XIXe siècle, la forêt et les prés, presque anéantis par le surpâturage des années précédentes regagnent de l'espace sur les pentes des montagnes grâce à l'action du service de Reboisement, puis sur les terres cultivables abandonnées par une population attirée par la ville grâce aux moyens de communication, et lasse de se battre sur des terres régulièrement laminées ou empierrées par des crues torrentielles. L'élevage prédominant au XIXe siècle est le mouton, l'élevage bovin pour sa production de lait et enfin le porc.

Le climat et la faible superficie des terres cultivées a favorisé la double activité des populations rurales qui ont abondamment pratiqué le colportage à échelle nationale et internationale, et ont servi de main-d'œuvre à l'industrie. L'industrie minière du Briançonnais (graphite, anthracite et métaux) et de L'Argentière, les mines métalliques avec l'extraction du plomb, du cuivre et de l'argent qui était exploitées dès l'époque romaine, s'épanouirent de 1850 à 1920 environ.

En outre, à Briançon, l'industrie de la Schappe (peignage et filature des déchets de soie) continua la tradition ouvrière instaurée au XVIIIe s. par Caire-Morand qui établit une facture de taille de cristal. La Schappe fut l'usine la plus importante du département au XIXe siècle avant de fermer en 1933. La fabrication de draps, de rubans et de chaussures dans l'Embrunais et l'industrie du bois et de la terre cuite dans le Gapençais, l'industrie hydro-électrique dans l'Argentièrois, et surtout à Serre-Ponçon avec l'édification du plus grand barrage de terre d'Europe sur la Durance en 1960, complètent le tableau industriel des vallées haut-alpines.

Dans les années 70 ce sont les entreprises du bâtiment qui étaient le plus représentées dans le département grâce au tourisme et au développement des stations de ski.

Le tourisme devient au cours du XXe siècle la principale activité économique, avec l'arrivée du ski en 1900 à Montgenèvre lancé par les chasseurs alpins de Briançon et en 1907 les premières compétitions internationales. Le premier téléphérique fut construit à Chantemerle en 1941.

Au début du XXe siècle le climatisme se développe à Briançon et la construction du lac de Serre-Ponçon en 1960 permet de développer le tourisme estival